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Question

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1 Réponse

  • Bonjour :
    Il est plus significatif qu'étonnant de constater la mise en sommeil à peu près totale du mythe de Prométhée dans les arts et les lettres de l'âge médiéval. Les premières allusions au vieux titan grec apparaissent aux XVIe et XVIIe siècles (Calderón écrit en 1669 La Estatua de Prometeo) et vont se multipliant au XVIIIe. La figure de Prométhée resurgit au carrefour des réflexions sur deux thèmes capitaux et connexes : rapport de la nature et de la civilisation, rapport de l'audace et du respect ; de ce deuxième thème va naître rapidement le troisième — révolte de l'homme aventurier contre la tyrannie divine — qu'il aurait été inconcevable de rencontrer explicitement au Moyen Âge. Des sources grecques de la légende, on ne s'étonnera pas que celle d'Eschyle soit la plus exploitée alors (Hésiode est peu fréquenté par l'humanisme des Lumières et, plus curieusement, le dialogue de Lucien, Prométhée ou le Caucase, véritable pamphlet contre Zeus, n'est guère utilisé). Eschyle avait consacré à Prométhée une trilogie dont on sait que le Prométhée enchaîné nous est seul parvenu ; le Prométhée délivré qui lui faisait suite est perdu, de même que le Prométhée porte-feu, dont la place initiale ou terminale dans la trilogie est encore discutée. Il n'en est que plus intéressant de constater que toutes les œuvres modernes, même celles qui s'inspirent le plus directement du Prométhée enchaîné, semblent toutes rêver de reconstituer la synthèse de la trilogie perdue : l'aventurier créateur d'une humanité nouvelle, le porte-feu de la civilisation, l'insurgé vaincu, torturé par le dieu qui le tient captif, refusant tout remords et toute résignation, celui enfin qui a tenu en échec par sa seule connaissance la toute-puissance du dieu et qui arrache à Zeus la reconnaissance d'une liberté neuve.